De la conscience en politique

Éditeur : les Amis de Spartacus

2008 | 1 vol. (173 p.) | 13,00 €

Régulièrement, militants et commentateurs s’interrogent : comment expliquer que, malgré la dégradation continue de leurs conditions d’existence, malgré les agissements cyniques, insupportables, des pouvoirs en place, malgré l’état effroyable du monde, la masse de la population, et en premier lieu des travailleurs, ne se mobilise pas pour mettre un terme à ces souffrances injustifiées ? Comment expliquer que, pire encore, il arrive à une bonne partie d’entre elle de soutenir ceux qu’elle devrait combattre sans concession ?

Dans ces occasions, la faiblesse, l’absence de la conscience de classe est souvent invoquée. Cette conscience, les organisations du mouvement ouvrier se réclamant du socialisme se sont données pour rôle de la faire grandir. Le Parti communiste, au temps de sa puissance, a prétendu incarner celle de la classe ouvrière, avec les conséquences que l’on connaît.

À l’époque de Vienne la Rouge, Wilhelm Reich, alors psychanalyste et militant socialiste, a fait ce constat : il ne faut pas se demander pourquoi les masses ouvrières se révoltent, mais pourquoi elles se révoltent si peu. Il entreprit d’élucider ce mystère à travers son contact quotidien avec des populations en grande souffrance psychologique, ce qui lui fit mettre en pratique une nouvelle approche de la politique : la politique sexuelle, ou Sexpol.

En 1934, exclu du Parti communiste allemand qui n’avait pas accepté le succès du mouvement Sexpol, fuyant l’Allemagne nazie, rejeté par les psychanalystes autrichiens en raison de son militantisme révolutionnaire, il interpelle les communistes de toute obédience : dans l’exil, ceux-ci ne débattent encore et toujours que d’organisation, de parti, sans chercher davantage les causes de l’effondrement catastrophique du mouvement ouvrier allemand, de son parti communiste réputé si puissant. Il leur demande : qu’est-ce que la conscience de classe, cette conscience de classe que vous prétendez promouvoir ?

Quelque trente ans plus tard, dans des circonstances bien différentes, quand le changement social semble en marche à travers le monde, Maurice Brinton reprend les hypothèses de Reich pour tenter, à nouveau, de trouver les causes du comportement de la masse des travailleurs et, en premier lieu, de celui des militants « révolutionnaires », qu’il juge perpétuellement soumis à des structures d’autorité, incapables d’autonomie et d’initiative.

Peut-être ne faut-il pas chercher dans la faiblesse de cette « conscience de classe » la cause unique, voire la cause principale, de l’apparente passivité de la grande masse de la population. Mais ces textes, nés de l’action militante, constituent à n’en pas douter un excellent point de départ pour réfléchir sur ce phénomène.


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