Partir en guerre

Auteur·e : Larrue Arthur

Éditeur : Éd. Allia

2012 | 1 vol. (125 p.) | 6,20 €

"Il enfila mes chaussettes. D’abord en les roulant sur elles-mêmes puis en y glissant ses orteils. Je crus entendre ses ongles accrocher la laine. Une fois déroulé, le tissu noir et brillant recouvrit entièrement son mollet en forme de jambon. Kosa avait l’habitude de laisser parler Oleg parce qu’Oleg avait l’habitude de parler. Il régnait entre eux une union de principe, froide, étrangère au sentiment. Je décelais chez elle autre chose pourtant, une tendresse quasi sensuelle qu’elle mettait tout l’orgueil du monde à ne pas laisser voir mais qui pourtant ressortait. On l’attrapait un millième de seconde et ça s’échappait, comme ces particules de poussière qui dansent sur les rayons du soleil et qui s’esquivent lorsqu’on veut fermer le poing sur elles."
Quand les uns rencontrent des difficultés dans leur couple, les autres ont décidé de risquer leur vie pour bousculer la politique d’un État. Mais qu’est-ce que cela donne lorsque ces gens-là se rencontrent, par le plus grand des hasards ? Le narrateur vient squatter chez une copine qui lui a prêté les clefs de son appartement… mais d’autres s’étaient d’ores et déjà approprié ce droit. Il tombe en effet sur de vrais squatteurs, deux hommes, une femme et un enfant, membres du groupe Voïna*.
Partageant une nuit avec ces personnages hauts en couleur, le narrateur évoque avec une finesse extrême ces quelques heures partagées avec la branche la plus radicale de l’art contemporain. Il entre sans effraction par la petite porte, zoome depuis le téléobjectif d’une écriture nerveuse : des poils de barbe échoués dans l’évier de la cuisine jusqu’à l’écureuil pixellisé qui orne le tee-shirt du petit. Arthur Larrue prend prétexte des actions de ce groupe pour écrire une sorte de thriller à la fois drôle et haletant, une nuit riche en rebondissements et en personnages interlopes, de la voisine passablement dérangée à l’Inspecteur en charge du dossier… "Guerre".

* Voïna ("Guerre" en russe). Tout aussi sulfureux que les Pussy Riot (dont l’une des membres, Nadeja Tolokonnikova participa à Voïna) et pour le moins blasphémateur vis-à-vis de la politique répressive de l’État : ils ont peint un phallus géant sur le pont qui fait face au bureau du KGB à Saint-Pétersbourg, ils ont organisé une partouze dans une salle du Musée national de biologie de Moscou et ont pendu des travailleurs immigrés, des Juifs et des homosexuels dans un supermarché, ce groupe d’artistes anarchiste livre, depuis 2007, une guerre sans merci à un État fascisant, xénophobe et homophobe.


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