Ma vie

Auteur·e·s : Alfieri Vittorio, Latour Antoine de, Orcel Michel

Éditeur : G. Lebovici

1989 | 365 p. | 150,00 €

C’est sans doute à sa Vie écrite par lui-même qu’Alfieri doit de conserver des lecteurs fidèles et toujours renouvelés. Cette autobiographie, à laquelle il faut joindre les journaux intimes de jeunesse et la correspondance, a été rédigée pour la plus grande part en 1790, à Paris, et achevée peu de temps avant sa mort, en 1803. Ce qui séduit le plus, dans cette Vie, c’est la liberté de ton, l’humour, voire la capacité d’autodérision avec lesquels un auteur qui passe souvent pour guindé parle de son itinéraire d’homme et de son itinéraire d’écrivain. Comment un jeune noble, né à Asti et élevé à Turin, ne parlant que piémontais et français, destiné de toute éternité à être soldat ou diplomate, et n’aimant que les chevaux et les femmes des autres, va-t-il devenir, à force de travail et de volonté, un grand poète tragique en langue toscane ? La Vie d’Alfieri répond à cette question en nous entraînant à la suite de cet « homme pressé », spleenétique et sans repos, quand il parcourt en brûlant les étapes les forêts de Finlande ou les déserts d’Aragon, ou quand il se fait attacher à sa chaise pour ne pas être tenté de fuir cette table de travail sur laquelle il s’acharne à surprendre les secrets des grands modèles grecs, latins et italiens.

Comme dans toutes les grandes autobiographies, les grandes « confessions », les pages les plus belles, les plus surprenantes, parce que les plus libérées de toute rhétorique, sont celles qu’Alfieri consacre à son enfance et à son adolescence. Ces chapitres, comme ceux qui contiennent le récit pittoresque de ses voyages et de ses amours, dignes et indignes, sont justement célèbres. Il ne faut pourtant pas leur sacrifier ceux, moins immédiatement séduisants, dans lesquels Alfieri nous fait les témoins de ses efforts pour se forger une langue, pour doter l’Italie d’un vers tragique qu’elle ne possède pas, pour reprendre inlassablement des textes qui le laissent insatisfait. Nous sommes introduits là au cœur même de la création littéraire, du travail héroïque qu’elle suppose, et qui est comme gommé par l’évidence de l’œuvre accomplie.


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