Les socialismes, l’histoire sans fin

Auteur·e·s : Fontaine André, Kay Jean-Michel

Éditeur : Spartacus

1992 | 319 p. | 15,00 €

L’origine de ce livre remonte aux évènements de mai 68 et à leurs retombées immédiates. À cette époque, la révolution – sociale, socialiste, communiste, prolétarienne voire culturelle – envahissait les discours militants, les journaux, les publications. Et, au fur et à mesure que s’apaisait le mouvement social, s’approfondissaient les fossés que creusaient entre eux des révolutionnaires sans révolution, à coups d’arguments théoriques qui semblaient pourtant tous élaborés avec le même instrument, le marxisme.

Au-delà de la nécessité de réfuter les arguments des marxistes-léninistes, plaquant sur la France des années 1970 des schémas dérivés de la révolution russe, des désastres des années 1930 ou de la révolution chinoise, l’apprentissage de la méthode de Marx permit à André Fontaine et à quelques militants du P. S. U. de chercher à décrypter la signification sociale de cette rivalité, voire l’opposition irréductible, de ces multiples projets se réclamant du socialisme. Derrière l’anarchisme, le socialisme démocratique, le socialisme étatique, le socialisme autogestionnaire, tous se réclamant d’une façon ou d’une autre de la classe ouvrière, derrière la multiplicité des centrales syndicales, devaient nécessairement se trouver des couches sociales, voire des classes, différentes.

Ainsi, l’apparition d’un projet socialiste autogestionnaire, revendiqué à partir de 1970 par un syndicat, la C. F. D. T., puis, à partir de 1972 par le parti socialiste – qui ne pouvait être confondu avec l’ancienne S. F. I. O. – devait faire l’objet d’une investigation particulière. Cette investigation, elle fut menée en reliant l’évolution des méthodes de production depuis la révolution industrielle du XIXe siècle et celle des couches sociales qui les mettaient en œuvre aux projets politiques et aux organisations qui prenaient appui sur celles-ci. Ainsi, l’apparition du socialisme autogestionnaire semblait associée au développement ininterrompu des fonctions d’organisation, à la complexité croissante des productions, à l’importance de la détention de l’information pour la prise des décisions.

À cette classe d’organisateurs, de décideurs, distincte des détenteurs du pouvoir politique, André Fontaine et ses camarades donnèrent le nom de « classe compétente », car c’est au nom de la compétence qu’elle aspire à exercer le pouvoir. Et comme une classe ne se définit que par rapport à ceux qui ne lui appartiennent pas, ils donnèrent aux salariés dont le rôle est d’exécuter les décisions des compétents le nom de classe exécutante, une classe qui englobe la classe ouvrière, mais qui, à l’époque, était loin de l’avoir fait disparaître.

À l’aide de cette analyse des classes, André Fontaine éclaire non seulement la rivalité des projets socialistes, mais également les politiques des autres classes sociales. On comprend ainsi pourquoi l’unification européenne divise les couches sociales aussi bien « à gauche » qu’ « à droite » ; on comprend aussi pourquoi le mouvement écologique, présent dans le champ politique depuis plus de trente ans, hostile à la croissance, semble toujours confiné dans la marginalité. On saisit enfin qu’à cette transformation des rapports de classe dans la société devra tôt ou tard correspondre une nouvelle expression de la classe dominée, prenant conscience de son unité fondamentale au-delà de la diversité de ses formes d’exploitation.


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