Aniterge : littéralement torche-cul. La littérature facétieuse de toute époque et de tout pays ne s’est pas privée de mettre diversement en scène les sujets considérés comme les plus scabreux par des morales et des lois sans cesse en action : avec la contestation des pouvoirs, la sexualité et toutes ses variantes, il y a bien sûr la scatologie et son cortège d’odeurs plus ou moins suaves selon les odorats. La littérature facétieuse use pour cela, et largement, de la dérision, de l’humour de plus ou moins bon goût. Le gras y côtoie la finesse, le trait peut y être aussi tordu que juste et efficace, chose précieuse, par exemple en matière de critique sociale. Ainsi la politique peut y être mise dans le même sac et au même pot que le sexe et les excréments. Sans distinction de classe, les textes y sont d’origine populaire ou savante, voire noble. Si en France les grands ancêtres de cette littérature marginalisée sont Rabelais et ses précurseurs, les Grecs et les Latins pratiquaient activement la chose et seule l’étreinte progressive de la censure, prodigieusement soutenue au XIXe siècle par la bigoterie la plus fondamentaliste, put en ralentir la diffusion jusqu’à nos jours.
Paule Adamy, orfèvre en la "matière" a rassemblé dans la présente anthologie la fine flore intestinale de ce qu’il faudrait avant tout regarder comme l’expression d’une liberté longtemps comprimée, quand bien même le petit commerce des écrits clandestins apparaîtrait comme l’exploitation de ce qui serait nos plus bas instincts - géographiquement, s’entend !