La rédaction collective de ce livre a été guidée par trois idées directrices :

1- Identifier les conséquences réelles de la « Construction Européenne ».
Où l’on verra que le projet européen, tel qu’il s’est réalisé depuis cinquante années, consiste essentiellement en une destruction, une dilution du pouvoir des Etats, et en leur revente au capital, quand ce n’est pas directement à l’administration américaine.

2- Retracer la généalogie réelle de l’Europe, en tant que mythe politique et culturel. Où l’on apprendra que le clivage entre pro- et anti-européen recouvre le vieil affrontement des internationalistes et des occidentalistes. L’Idéologie Européenne ne s’inscrit pas dans la filiation kantienne du projet de paix perpétuelle, mais dans le projet ancien, religieux, d’un Empire occidental qui soumettrait les Républiques.

3- Faire la critique totale de l’Idéologie Européenne.
Où l’on comprendra les enjeux de classe qui percent derrière l’utopie social-démocrate. La déconstruction des Etats correspond à la stratégie bourgeoise de l’après-guerre. Son pendant philosophique est la « destruction de la raison » et de la notion de progrès. L’Idéologie Européenne, y compris dans sa composante pseudo-humaniste, achève ce mouvement et se présente comme l’utopie réalisée d’une fin triomphale de l’Histoire. L’homo europeanus est le happy dog de Fukuyama, dernier mot de la civilisation libérale.

Si le scénario nous semble écrit, et la fin inéluctable, c’est sans doute que nous respectons encore trop le scénariste. Si l’Idéologie Européenne a régné si totalement, si profondément, c’est que nous avons trop respecté cette vieille chimère, l’Europe, la prétendue civilisation européenne. Si les peuples ont pu s’accommoder de tant de régressions économiques, culturelles, politiques, sociétales, au nom de l’Europe, alors leur chance, au nom de la raison comme au nom de leur survie, est bien de sortir de l’U.E. – ce qui n’arrivera pas sans lutte.