
Le changement
Éditeur : le Pas de côté
2013 | 1 vol. (157 p.) | 12,50 €
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Le chantier, c’est le retour en principe provisoire au chaos créateur. Son "environnement" est celui d’un front de guerre. Guerre temporairement maléfique menée à des fins bénéfiques contre la nature ou les hommes qui sont. Là aussi des murs et des arbres s’abattent dans la poussière des explosions. L’antipaysage du chantier est celui d’une catastrophe souillée de toutes sortes de débris. Ronflements de machines et de camions.
Chocs, hurlements, éventrations, crevasses. Blessures, déportations et cadavres divers. Sur les coulées de béton ou d’asphalte fumant de ce relief en gestation rien ne peut pousser, ni fleurs, ni fêtes, comme sur tout champ de bataille. Un tel terrain peut être dit vague parce qu’il est vague en mouvement. L’on y travaille, on n’y vit pas. Il n’appartient pas au présent, il ne prendra forme qu’au futur.
Le bonheur qui est temps d’arrêt, paisible dégustation du moment, n’a pas sa place dans cette agonie, antichambre d’un monde meilleur sans cesse remis au lendemain. La société du chantier ne peut qu’engendrer l’angoisse, le délire ou la révolte.