Ils sont rares, ceux qui ont participé aux deux grands combats du prolétariat parisien au xixe siècle. Lefrançais, jeune instituteur chassé de partout pour ses opinions républicaines et anticléricales, est sur les barricades de Juin 1848. Pendant la Commune, Lefrançais est le premier président élu du Conseil général. Entre les deux, on le voit mener le combat communiste sous la Seconde République dans l’association des instituteurs socialistes. Inculpé pour action subversive, il est condamné à trois mois de prison et obligé de quitter Paris pour Dijon. Là, il participe à la résistance contre le coup d’État de Louis Bonaparte, et il est obligé de quitter la France pour l’Angleterre. À Londres, Lefrançais raconte de façon à la fois comique et sombre la vie des proscrits. Rentré en France en 1853, il est engagé comme ouvrier de la voirie parisienne, adhère à l’Internationale et participe à l’agitation républicaine – communiste. Il fréquente Flourens, Rochefort, Delescluze, Vallès. À la chute de l’Empire, il lutte avec ses amis contre le gouvernement provisoire. Après la Semaine sanglante, où il essaie d’organiser la résistance, il doit fuir Paris, devenu « un vaste abattoir », pour la Suisse, où il fréquente les anarchistes de la Fédération jurassienne. Il y revient après l’amnistie, collabore à l’Aurore, le journal de Clemenceau, et continue le combat communiste jusqu’à sa mort en 1901.